La Lettre de l'AGSAS n°72

Mars 2022

 

 


ÉDITORIAL

Alors que l’hiver s’effiloche plus ou moins effrontément, nous rêvons tous de l’arrivée du printemps, au sens propre comme au sens figuré.

Si les nuages qui obscurcissent depuis des décennies l’horizon sociopolitique et économique de nos pays et la scène internationale, semblent parfois se retirer, il n’en reste pas moins que nous respirons mal dans un monde régi par la recherche effrénée du profit, l’emprise croissante du quantitatif, du contrôlable, des sciences cognitives aux dépens de l’humain, au mépris de la sensibilité et de la singularité du sujet, de sa vulnérabilité.

Quelque chose en nous se rebelle, de même que nous nous élevons avec nos collègues enseignants, éducateurs et toutes celles et ceux qui ont choisi un métier de l’humain contre les formes de mépris dont ils sont l’objet.

L’horizon est sombre et cependant, je vois quelques raisons de se réjouir et de regarder l’avenir avec des lueurs d’espoir.

Il y a d’abord les nombreux lieux de créativité où des hommes et des femmes, des jeunes et des moins jeunes cherchent ensemble, dans des territoires ruraux abandonnés, à recréer du lien ; dans des lieux longtemps désertés, la vie revient, par le biais d’une épicerie solidaire ou d’un atelier où s’installe un artisan dont la présence réconforte les habitants et parfois joue le rôle d’un aimant.

À l’Agsas, je suis admirative de l’engagement généreux de celles et ceux qui répondent aux demandes de formations et qui s’investissent sans relâche auprès des professionnels qui les sollicitent, animant ainsi la vie de notre association. Parallèlement, l’existence de l’École Jacques Lévine récemment inaugurée porte témoignage des valeurs humanistes que nous défendons.

Dans le domaine de l’art, par exemple la création télévisuelle, je renvoie à la sortie réjouissante du documentaire réalisé par la jeune cinéaste et documentariste Alice Diop : Nous est le titre de l’œuvre réalisée à partir des rencontres qu’elle a faites en suivant la ligne B du RER qui traverse l’Ile de France du nord au sud. « Tournant le dos à notre société profondément fracturée, Nous accorde une place à chacun, dans un élan d’une grande audace qui tient de l’utopie politique » écrit François Ekchajzer (Télérama, No 3762).

Les poètes aussi nous font signe et nous invitent à ne pas nous laisser abattre, ainsi le poète brésilien Fernando Sabino (1923-2004) qui écrivait en 1956 dans O encontro mercado :

De tout, il resta trois choses :

La certitude que tout était en train

de commencer,

La certitude qu’il fallait continuer,

La certitude que cela serait interrompu

Avant que d’être terminé.

Faire de l’interruption, un nouveau chemin,

Faire de la chute, un pas de danse,

Faire de la peur, un escalier,

du rêve, un pont,

de la recherche…

une rencontre.

 Jeanne Moll

 

 


 

VIE DE L' AGSAS

 

 

Colloque 2022 : dates à retenir !

Le prochain colloque AGSAS aura lieu à Paris le samedi 1er et le dimanche 2 octobre 2022.

La réflexion autour du thème de l'utopie et la créativité se poursuit.

Vous pourrez bientôt retrouver des informations sur le site de l'AGSAS et dans notre prochaine lettre.

 

 


Nouveauté AGSAS !

A découvrir ou revoir sur le site, les vidéos des entretiens diffusés lors des colloques 2020 et 2021 avec certains intervenants qui n'avaient pu être présents ces jours-là.

Mireille Cifali et Pierre Delion, ici.

 

 


Du nouveau pour les formations ARCH à Paris en 2022-2023 !

 Deux nouveautés :

1) Sur le modèle de ce qui a été proposé à Lyon et à Toulouse, L’AGSAS proposera à Paris une formation à l’animation des Ateliers de Philosophie AGSAS et Ateliers Psycho-Lévine dans une seule formation en deux sessions :

2 jours en novembre

1 jour en mars

Même si vous avez déjà suivi une formation pour animer l’un ou l’autre des ateliers, n’hésitez pas à vous inscrire pour vous former à l’animation de l’autre atelier et, plus encore, appréhender les fondements communs de tous les Ateliers de Réflexion sur la Condition Humaine.

Les dates prévues mais qui restent à confirmer : 11 et 12 novembre 2022, 11 mars 2023

 

2) Pour toutes les personnes qui ont suivi une formation à l’animation des Ateliers de Philosophie AGSAS, quelle que soit la période de cette formation, une journée de « suivi » de formation est proposée pour échanger, analyser les expériences vécues sur le terrain, découvrir les évolutions de ce dispositif d’atelier en lien avec le travail de recherche sur les ateliers de philosophie au sein de l’AGSAS.

La date prévue mais qui reste à confirmer : 7 janvier 2023

Les précisions (modalités d’inscription, coût, lieu, confirmation des dates, etc.) seront sur le site en mai ou juin 2022.

 

 


Des nouvelles du partenariat avec l'Institut Contemporain de l'Enfance (ICE)

 L’ICE a officiellement vu le jour le 30 mars 2021. Véronique Boquin-Sarton, Rose Join-Lambert et Bernard Delattre ont rencontré à deux reprises Bernard Golse qui en est le directeur scientifique et Christine Ascoli, la directrice de la stratégie et du développement, afin d’essayer d’imaginer les axes d’un futur partenariat.

 

Bernard Golse s’est montré très intéressé par les formations ARCH mais propose que nous commencions par essayer de mettre en place des groupes de Soutien au Soutien pour les AESH (Accompagnants des Élèves en situation de Handicap). Leur formation est très déficitaire et beaucoup sont en souffrance sur le terrain. Il nous faudrait associer l’Éducation Nationale à ce projet et trouver les financements possibles. Des pistes sont à l’étude sur l’académie de Paris et celle du Nord. Et dans un deuxième temps, si ce projet se concrétise, il s’agira de trouver des animatrices et des animateurs volontaires pour ce public particulier.

 

ICE se propose d’aider l’AGSAS pour voir s’il est pertinent – ou pas – pour l’AGSAS d’engager la très coûteuse démarche de certification QUALIOPI (bientôt exigée dans beaucoup de cas pour pouvoir réaliser des formations) et réfléchir aux différents moyens de surmonter les obstacles qui peuvent se présenter si nous n’avons pas cette certification. Le sujet est à l’étude.

 

Des adhérents de l’AGSAS qui envisagent un changement de parcours professionnel pourraient avoir accès aux formations proposées par l’ICE mais il s’agira de voir au cas par cas lorsqu’elles se mettront en place. Des personnes peuvent d’ores et déjà consulter le site de l’Université du bébé qui est partenaire de l’ICE (universitedubebe.fr).

Le site de l’ICE est en cours de finalisation et relaiera dès que possible certaines informations nous concernant comme, par exemple, la présentation de notre colloque.

 

 


Le Soutien Au Soutien essaime...

Le Sgen CFDT Loire Atlantique a proposé à ses adhérents de vivre une séance de Soutien au Soutien lors de la journée de formation du 9 décembre 2021, dont le  thème était : Survivre à une année difficile

Quatre animatrices et animateur de l'AGSAS étaient présents pour accompagner une soixantaine de participants dans des groupes de Soutien au Soutien.

Vous pouvez lire le compte-rendu de cette journée sur le site du Sgen CFDT Loire Atlantique.

 

L'AREN 49 souhaite découvrir le Soutien au Soutien. Une demande a été faite auprès de l'AGSAS et deux animatrices/animateurs se rendront à Angers fin juin/début juillet pour y répondre.

 

Équipes de professionnels, n'hésitez pas à demander, vous aussi, une présentation des groupes de Soutien au Soutien ! L'AGSAS répond et se déplace.

 

 



 

ACTIONS AVEC LES PARTENAIRES

 

 

10ème Forum des RASED

Le 10éme forum des RASED a eu lieu le samedi 4 décembre 2021. L'AGSAS y était représentée par Christine Mariotte et Maryse Métra.

Plus d'infos sur le site dans la rubrique Actualités , Ça s'est passé récemment.

 

 


Forum du CEP-Enfance

Le 29 janvier 2022, à la Bourse du travail à Paris, a eu lieu le forum CEP-Enfance sur le thème : Politique de l'enfance, et si on en parlait pour 2022 ?

Faisant suite à l'ouvrage collectif Enfance, l'état d'urgence et à la marche du 9 octobre 2021, cette journée poursuivait les actions du collectif en faveur de la cause des enfants.

Elle réunissait conférenciers et représentants des candidats à l'élection présidentielle.

Vous pouvez retrouver l'intégralité des échanges de cette journée, ici.

 

 


Congrès FNAREN :du 1er au 4 juin 2022 à Blois

Le 35éme congrès de la FNAREN sur le thème Du fil des histoires...au fil de soi.

L'AGSAS y tiendra une table de presse.

Téléchargez le programme des  ateliers et interventions sur le site des Tisserands de Blois

Une inscription aux ateliers et aux conférences à la carte est ouverte.

 

 


Congrès AFPEN : du 2 au 4 juin 2022 à Toulon

Psychologies et psychologue dans l'école du 21éme siècle, c'est le thème du 27ème congrès de l'AFPEN, l'AGSAS sera également présente.

Découvrez l'argumentaire et le programme complet, ici.

 

 

 


13émes Rencontres Poitevines de Psychologie à l'École

Ces rencontres auront lieu les 29, 30 juin et 1er juillet 2022.

Le thème est : Familles d'aujourd'hui, contexte et enjeux.

Toutes les informations sur le site des RPPE.

 

 

 


Collectif "17 Octobre-Refuser la misère" France

Cette année le thème retenu par le collectif pour la journée du 17 octobre-Refuser la misère est : Ce que nous nous donnons mutuellement pour atteindre la dignité pour toutes les personnes dans les limites de notre planète.

 

L'argumentaire :

Quelle que soit la famille dans laquelle nous sommes nés, quelle que soit la communauté, le pays dans lequel nous nous trouvons, chacun a droit à une vie dans la dignité. Ce thème met l’accent sur le nouveau contrat social ancré dans les droits humains auquel nous aspirons, et promu par l'ONU. Il souligne également ce à quoi nous devrions avoir droit ainsi que ce que nous pouvons nous donner les uns aux autres pour que chacun puisse jouir d’une vie digne. Le bien-être des peuples et de la planète étant étroitement liés, nous devons aussi réfléchir aux responsabilités que nous avons envers l'environnement, pour nous assurer de rester dans les limites planétaires (ne pas trop polluer et ne pas abuser de ses ressources) et de garder la planète viable pour les générations futures et pour nous.

 

Nous ne manquerons pas de vous informer des avancées de notre travail collectif.

 Maryse Métra

 

 



 

À DÉCOUVRIR

 

 

Un Monde

Réalisatrice Laura WANDEL

Sélectionné à Cannes 2021 dans la catégorie « Un certain regard »

Voici un film qui illustre de façon magistrale cette phrase de Jacques Lévine :

« Car contrairement à ce qu’on pense, l’école n’est pas seulement l’école […] C’est avant tout un haut lieu de l’amour-propre, du narcissisme, de l’interrogation sur l’image de soi. […] Et pour revenir à l’élève, le plus urgent n’est pas d’apprendre mais, par les moyens qui sont les siens, de plaire, de se plaire, de rencontrer des autres qui plaisent, dans le cadre de ce que Pierre Bourdieu appelle la quête du « capital symbolique », c’est à dire une image où se déposent et se comptabilisent les entrées en matière de valeur et de pouvoir. Le plus urgent c’est ce qui rentre dans le tiroir-caisse du narcissisme, ce que, par ailleurs, nous appelons le MRM (minimum de reconnaissance du Moi)* ».

Cette histoire filmée à hauteur d’enfant, c’est celle de Nora qui entre en primaire et est confrontée au harcèlement dont est victime son grand frère Abel ; elle nous plonge dans la violence des relations à l’école. L’apprentissage devient secondaire ; Nora est envahie et tiraillée par des préoccupations essentielles comme le silence imposé par Abel, son besoin de s’intégrer et la demande de leur père : réagir.

Nous sommes Nora, nous regardons ce qui se passe avec ses yeux et nous ressentons ce qu’elle ressent. Aucun autre point de vue que le sien même si chacun d’entre nous y projette probablement des éléments de son propre vécu.

Un film réaliste qui nous saisit par sa tension psychologique et qui nous rappelle si besoin en est, toute l’importance et l’influence des relations dans les activités d’apprentissage.

 

 *Tiré de L’enfant philosophe, avenir de l’humanité ? ESF édition pages 74-75

 Marie-France Jallageas

 

 


Histoires d'enseignants

Paroles croisées de deux générations

de Florence Giust-Desprairies et Jocelyne Ajchenbaum

Un livre signalé par Rose Join-Lambert

L’ouvrage brosse les portraits croisés de deux générations d’enseignants de collège et lycée, représentées chacune par une dizaine de professionnels. La première génération née dans l’après-guerre entre dans la carrière autour de mai-68 ; la deuxième grandit dans les années 1970-1980 et commence à enseigner vers l’an 2000 : elle se présente symboliquement comme descendance de la première.

Les récits que font ces enseignants, lors d’entretiens menés dans une démarche psychosociale clinique, dessinent leur trajectoire professionnelle « entretissée » à leur histoire familiale et inscrite dans un contexte socio-économique traversé par les événements de l’histoire nationale ou internationale : l’après Seconde guerre mondiale, la décolonisation, les flux migratoires post coloniaux et la « crise des migrants » de 2015.

Les analyses de ces récits s’organisent comme une mise en regard des deux générations et permettent de dégager les spécificités de chacune d’elle ainsi que des continuités et des ruptures.

La lecture de ces portraits sincères et lucides permet une rencontre inédite avec ces professionnels engagés auprès de leurs élèves au fil d’années où se succèdent des moments de doute, de déception, mais aussi de bonheur quand le sens du métier est toujours là .

 

 


La patience des traces

Le dernier livre de Jeanne Bénameur, présenté par Jean-Denis Moulin

Un matin, Simon laisse involontairement tomber un bol. Psychanalyste en fin de carrière, il sait « qu’on peut jouer toute une vie sur quelque chose de brisé ». Alors, Simon décide de partir, tourner le dos aux mots des autres pour retrouver le silence d’où pourra naître sa « propre parole ». Au Japon, il rencontre Mr et Mme Itô. Mr Itô est maître en Kintsugi, cet art qui consiste à réparer les poteries brisées en marquant « l’empreinte de la brisure » par un filet d’or.

C’est aussi l’histoire de cet homme - Simon - pris dans une tourmente amoureuse à l’issue tragique. Cet homme qui sait que « pour la délivrance, il faut toujours payer le prix ».

Cet homme qui porte en lui l’énigme du désir et de la perte. Et qui, au bout du monde, apprendra à habiter son silence bordé de paroles qui sauvent.

C’est une écriture un peu différente des livres précédents de Jeanne Benameur. J’ai aimé l’histoire de cet homme qui rend infiniment signifiant un acte insignifiant, le bris du bol dans lequel il boit son café chaque matin. J’ai aimé ce mystère qui met cet homme en chemin. Livre sur la rupture, créatrice, et la chute, fertile. J’ai aimé l’histoire de cet homme dont rien n’annonçait l’acte qu’il pose - son départ au Japon - mais qui porte en lui, tricoté au silence d’une vie, tout ce qui permet cet acte. C’est aussi un livre sur l’ultime liberté d’un homme qui choisit, à un moment de sa vie, de donner à celle-ci une autre direction parce que c’est sa seule façon de rester debout.

 

 


Lire, c'est rêver.

Extrait d'un livre de Jeanne Bénameur à retrouver sur le site de Michèle Girardin-Morel, Les passeurs.

 

 



NOS ÉCRITS

 

 

Soit dit en passant...

En illustration de mon éditorial, je souhaite partager avec vous le bonheur d’avoir rencontré une grande dame, une écrivaine italienne dont le visage lumineux (cf. Le Monde du 11 février 2022) est à lui seul une leçon de vie.

Je ne l’ai pas encore lue mais le sourire de ses yeux et l’article de la journaliste Florence Joinville stimulent ma curiosité et le désir de découvrir son œuvre.

Edith Bruck, née il y a 90 ans en Hongrie dans une famille juive pauvre a été déportée avec les siens en 1944. Elle avait 13 ans. Après avoir erré de pays en pays à la Libération, elle s’est installée à Rome en 1954 et a commencé d’écrire. Elle n’a pas pu le faire dans sa langue maternelle trop chargée affectivement après la mort de sa mère en déportation. Alors elle a choisi l’italien, « la langue de qui chante avec sa voix »° et comme elle était « pleine de mots », elle a commencé de publier, à l’âge de 28 ans. Dans son dernier récit autobiographique, Le Pain Perdu (2022), elle relate son enfance pauvre mais heureuse en Hongrie. Des poèmes suivent sous le titre « Pourquoi aurais-je survécu ? ».

En apprenant en 1987 le suicide de Primo Levi, l’auteur de Si c’est un homme, elle avait éprouvé de la colère et avait dédié ces lignes à son ami : « Ta figure tutélaire nous manque / nécessaire comme l’eau à l’assoiffé/ […] la lumière au non-voyant./ Notre devoir est de vivre et jamais de mourir/ Pourquoi Primo ? ».

Cette femme déterminée qui dit n’avoir jamais connu la haine aimerait vivre encore un peu de temps car elle dit avoir encore « quelques jeunes consciences à éveiller ».

Comme tant d’autres que nous admirons, elle nous accompagne, elle nous indique le chemin.

 

Jeanne Moll

° Du recours à la langue italienne par des personnes qui ont fui leur pays d’origine pour diverses raisons personnelles, un ouvrage remarquable déjà ancien porte témoignage :

La Babel de l’inconscient (1990) de J. Amati Mehler, S. Argentieri, J. Canestri , PUF, 1994.

 

 



POUR ADHÉRER

 

Les adhésions à l'AGSAS fonctionnent par année scolaire. Pour les adhérents qui n'ont pas encore renouvelé leur adhésion, c'est le moment de le faire.

L'AGSAS n'a pas d'autres ressources que ces adhésions, n'hésitez pas à nous rejoindre si vous êtes en accord avec nos valeurs et nos actions. Merci !

Télécharger le bulletin d'adhésion



Vous avez pris connaissance de la nouvelle forme de la Lettre de l’AGSAS.

Donnez-nous votre avis en cliquant ici, ce qui nous permettra de l’améliorer…